Eloïse et Jules sont deux « chasseurs » bien particuliers : chez eux, pas d’armes ni de chiens de chasse, mais un bon appareil photo, une tenue de camouflage et une patience à toute épreuve ! Ils passent parfois des heures à l’affût des animaux du Vercors, de la discrète mésange huppée au majestueux gypaète barbu. De leurs expéditions il rapportent de magiques instants suspendus, et de très jolis clichés d’animaux qu’ils partagent avec nous (voir le Focus sur la faune du Vercors, plus bas dans cette page).
Trois questions à Jules et Eloïse
1 – D’où vient votre passion pour la photo animalière ?
Eloïse Arioli : « Je suis photographe animalière amatrice depuis un an et demi. J’habite à Gresse en Vercors et depuis toute petite je passe beaucoup de temps en montagne avec ma famille. Au fil des années, les sentiers du Vercors sont devenus comme une deuxième maison pour moi.
Je suis « tombée » dans la photographie un peu par hasard. J’ai commencé par prendre des photos avec mon téléphone puis j’ai finalement acheté un appareil photo au début de l’année 2023. Aujourd’hui j’utilise le Nikon D7100 avec l’objectif Nikkor 200-500mm pour photographier la faune de nos montagnes.
Depuis toujours, ce sont les rencontres avec les animaux qui me marquent le plus pendant mes randonnées. La photographie animalière me permet d’immortaliser et de garder une trace de chacune de ces rencontres au sommet. C’est aussi une façon de montrer aux gens la richesse de la faune sauvage qui nous entoure.
Jules Mermillon : « J’habite aussi dans le village de Gresse en Vercors, entre Vercors et Trièves, un lieu idéal pour photographier la faune et la flore sauvage. Depuis mon plus jeune âge (5 ans), je pratique la randonnée pédestre, plus spécialement en montagne !
Mais ce n’est qu’à partir de l’été dernier que j’ai commencé à m’intéresser à la photographie et plus précisément la photographie animalière avec la faune montagnarde (bouquetin, marmotte, vautour fauve, lagopède Alpin, Gypaète Barbu). Avant de commencer dans ce domaine, j’étais assez curieux de la nature qui m’environnait et à la moindre occasion, je vadrouillais en montagne pour observer la faune et prendre un bol d’air frais et pur. L’été 2023 a été un déclic pour moi pour la photographie. J’ai tout de suite pris du plaisir à pratiquer cette passion, chaque temps de pause que j’avais y était consacré. Dans le Vercors où j’habite, la faune montagnarde m’a particulièrement intrigué notamment le bouquetin des Alpes qu’on retrouve en grand nombre. J’admire son aisance dans ces terrains difficiles. Les autres animaux présent sur les lieux sont tout aussi intéressants. Je suis intrigué par leur mode de vie face aux conditions extrêmes de la montagne ou bien la vie dans des endroits sauvages !
Jules Mermillon en plein shooting photo.
Eloïse Arioli, bien camouflée pour l’affût !
2 – Votre équipement pour partir à l’affût ?
Eloïse : « Quand je pars faire des photos c’est généralement avec un sac assez lourd. Pour croiser certaines espèces, il faut parfois partir de nuit pour être sur place quand le soleil se lève. En photographie animalière il est indispensable de prendre certaines précautions pour ne pas déranger les animaux, surtout quand il s’agit d’espèces assez vulnérables. Personnellement j’utilise une tenue de camouflage pour essayer d’être la plus discrète possible et j’essaye d’être vraiment silencieuse. Quand un animal me repère et fuit, ou simplement quand il s’éloigne, je ne cherche pas à le suivre pour obtenir à tout prix la photo que j’ai en tête. Il faut savoir accepter de renter sans le moindre cliché même si c’est toujours un peu frustrant. Pour moi la tranquillité de la faune reste le plus important. »
Jules : « Lors de mes sorties photos, dans ma liste d’affaires avec moi, je ne pars jamais sans mes jumelles pour remarquer au loin un chamois, une marmotte ou un rapace me survolant, ensuite bien évidemment mon appareil photo avec mon objectif le plus grand pour la photographie animalière et d’autres objectifs pour les paysages et la flore…. je prévois plusieurs cartes mémoire car généralement le nombre de photos suffit à remplir 2 cartes lors de mes randonnées ! Récemment j’ai fait l’achat de vêtements pour faire des affûts que j’ai hâte de tester et bien sûr des vêtements pas trop colorés pour éviter de me faire repérer dans les lieux où je me promène. Pour ne pas effrayer la faune, j’essaie au maximum d’avoir le pas le plus discret possible et une marche assez lente. »
3 -Vos plus jolies rencontres…
Eloïse : « En montagne, chaque moment est unique et incroyable mais certaines rencontres restent plus marquantes que d’autres. Je pense qu’un des plus beaux moments que j’ai pu vivre en tant que photographe est une des mes rencontres avec les biches. C’était une soirée pluvieuse et j’étais allongée dans l’herbe quand des biches sont sorties du bois. Intriguées par le bruit du déclenchement de l’appareil photo, elles se sont approchées avant de sentir mon odeur et de s’éloigner. Ce qui a rendu ce moment vraiment incroyable c’est la curiosité de ces animaux qui s’approchaient en tendant le cou.
Être photographe animalière c’est croiser de nombreuses espèces mais aussi pas mal de monde. Quand je croise des gens sur les sentiers je vois bien que leur regard va automatiquement sur l’appareil photo et on me pose souvent des questions. On m’a déjà demandé plusieurs fois si j’étais militaire par rapport à ma tenue de camouflage. Ça m’amuse de voir le regard intrigué des gens et d’entendre leurs questions auxquelles je réponds toujours avec plaisir. »
… ou anecdotes ?
Jules : « Cette passion me procure des sensations que je ne pourrais retrouver dans aucune autre activité ! Un jour de brouillard, dans la forêt, j’ai aperçu un renard qui ne m’avais pas remarqué. J’ai pu l’observer de nombreuses minutes durant lesquelles lui était couché dans l’herbe et j’ai trouvé ce moment adorable ! Un autre moment que j’adore particulièrement, c’est celui où tu es sur les crêtes du Vercors et que tu as en face de toi une harde de 60 bouquetins qui sont à peine à 10 mètres de distance. Ce moment est un mélange entre bonheur et angoisse, et j’adore également ces émotions dans la photographie.
Des anecdotes, que dire… Si ce n’est rencontrer par hasard sur le plus haut sommet du Vercors le Lagopède Alpin dont j’ai toujours rêvé ! Le voir à 5 mètres de moi était un moment très émouvant ! Après forcément, il y a des anecdotes un peu moins marrantes, par exemple quand tu oublies la carte SD sur ton ordinateur, et que tu fais une rencontre incroyable sans pouvoir l’immortaliser. Mais les yeux sont amplement suffisants dans ces moments là, et je ne suis pas prêt d’arrêter mon chemin vers cette activité passionnante. »
Focus sur la faune du vercors
Grâce à Jules Mermillon et Eloïse Arioli, voici un florilège (non exhaustif) de la faune du Vercors, que vous pourrez croiser dans le Trièves ! Vous pouvez retrouver les photos des deux photographes animaliers sur instagram : jules_wildpics et eloise_wildpics
Le bouquetin & l’étagne
Le bouquetin
Petit nom : Capra Ibex
Le bouquetin est un herbivore vivant dans les zones rocheuses du massif alpin. On le reconnait grâce à ses grandes cornes courbées en arrière qui peuvent atteindre un mètre de longueur. C’est un grimpeur très agile qui vit en groupe une grande partie de l’année.
Cette espèce est protégée et a été réintroduite après avoir failli disparaitre au 19eme siècle, décimée par les chasseurs et les braconniers.
L’étagne (Capra ibex )
L’étagne est un bouquetin femelle. Plus petite que ce dernier elle porte des cornes qui dépassent rarement les 30 cm. Elle met bas en juin, et son petit est rapidement capable de la suivre dans les falaises escarpées. Les cabris restent avec leur mère durant 2 ans environ.
La mésange huppée
Petit nom : Lophophanes cristatus
La mésange huppée est un petit oiseau d’une dizaine de centimètres que l’on retrouve partout en France.
Elle vit dans les forêts de conifères mais on peut aussi la retrouver dans des parcs urbains. Elle est reconnaissable par sa huppe mouchetée de blanc et de noir. Elle se nourrit principalement d’insectes mais aussi des graines des conifères.
En France cette mésange est protégée.
Le chamois
Petit nom : Rupicapra rupicapra
Le chamois est un herbivore présent dans les zones montagneuses de France. C’est un animal très agile qui grimpe facilement sur les parois abruptes. Il vit en hardes, généralement composées d’une femelle dominante, de ses jeunes et de quelques mâles.
Le chamois est reconnaissable par sa tête blanche ornée d’un masque noir. Il porte des cornes recourbées vers l’arrières d’une vingtaine de cm et assez fines. Sa fourrure est dense et change de couleur selon les saisons : claire en été pour se camoufler dans les rochers, plus sombre et épaisse en hiver pour se protéger du froid.
Le chamois est un animal fascinant, parfaitement adapté à la vie en montagne. Son agilité, sa robustesse et sa beauté en font une espèce emblématique des Alpes.
C’est une espèce chassable en France.
Le rougequeue noir
Petit nom : Phoenicurus ochruros
Le rougequeue noir est un petit oiseau d’une quinzaine de cm que l’on retrouve partout en France. Il affectionne principalement les zones rocheuses de montagne mais on le retrouve aussi en plaine et dans les grands centres urbains.
Il est reconnaissable par sa queue rousse et se nourrit principalement d’insectes. Cet oiseau migrateur est présent sur le territoire français de mars à octobre.
Cette espèce est protégée.
Le vautour fauve
Petit nom : Gyps Fulvus
Le vautour fauve est un rapace de grande taille dont l’envergure dépasse souvent les 2 mètres. Un duvet blanc recouvre la tête des adultes, ce qui permet de les reconnaitre assez facilement. Le vautour fauve se nourrit essentiellement de charognes d’animaux. Cela lui donne un rôle très important car il limite ainsi le risque de propagation des maladies causé par les cadavres.
Cet oiseau vit dans les zones montagneuses à proximité de grandes falaises. En France, l’espèce est protégée et a été réintroduite dans certaines régions, comme dans le massif du Vercors à partir de 1999. On compte aujourd’hui plus de 3000 couples de vautours fauves dans tout le pays.
Le lagopède alpin
Petit nom : Lagopus muta
Le lagopède alpin vit entre 2000 et 2800m d’altitude.
Il a la particularité de changer de plumage au cours de l’année. Il présente une couleur brune voir grisâtre en été et devient blanc quand les jours se raccourcissent.
On le retrouve dans les zones rocheuses de haute montagne.
Cet oiseau est classé « quasi menacé » sur la liste rouge des espèces menacées en France.
Le Gypaète barbu
Petit nom : Gypaetus barbatus
Le gypaète barbu est un rapace dont l’envergure dépasse les 2 mètres.
Des plumes noires lui forment comme une barbe et son corps présente une couleur orangée.
Cet oiseau vit dans les zones au relief abrupt et se nourrit des os des carcasses.
Cette espèce est menacée et protégée. Elle est classée « en danger » sur la liste rouge des espèces menacées en France.
Il y a moins de 100 couples de gypaètes barbus sur le territoire français.